Randonnées pour grizzlys

et autres animaux solitaires

Carte

En résumé:

Cartes:

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Col de Malatrà, Col des Ceingles, Col de Saint Rhémy

Cette randonnée figure dans le livre

Randonnées pour Grizzlys

Alpes valaisannes

paru en 2013 aux éditions Slatkine. Livre 'Randonnées pour Grizzlys - Alpes valaisannes'

Le livre peut être commandé en ligne sur le site de Slatkine ou acheté dans toute bonne librairie de Suisse Romande.

Aux portes de la Suisse – on pourrait même dire dans le vestibule, tant elle est proche – s’étend une magnifique région de randonnée : le Val d’Aoste. Peu fréquentée, ignorée par les estivants pressés de rejoindre le sud, elle invite les solitaires à musarder dans ses vallées latérales. On y est à la fois dépaysé et en terrain familier. Dépaysé par la forte identité et les traditions vivaces de ce coin d’Italie. En terrain familier car c’est encore un peu le Valais. Qu’on pense aux combats de reine !

Cette première randonnée transalpine explore le versant sud des cimes bordant le col du Grand Saint-Bernard, dont la plus élevée est le Grand Golliat. Trois cols et deux vallons sont au programme, dont le spectaculaire col de Malatrà (en option) et la paisible Comba des Thoules. C’est un long circuit d’altitude, oscillant entre 2000 et 2900 mètres, qui suit en partie l’Alta Via 1 venant de Courmayeur. Deux portions de l’itinéraire où le balisage du sentier est lacunaire demandent un minimum de sens de l’orientation.

Le départ se situe immédiatement à la sortie de la galerie du Grand Saint-Bernard, à Saint-Rhémy-en-Bosses. En véhicule privé, c’est à la même distance des centres urbains de Suisse Romande qu’Arolla ou Zinal. En transport en commun, c’est un peu plus compliqué. Mais des bus venant d’Aoste ou même de Martigny s’arrêtent à Saint-Rhémy, il suffit de s’organiser.

Toutefois l’idéal est de se rendre à Arp du Jeux, une station d’arrivée de télésiège au nord de l’issue du tunnel. Cela évite de rajouter 300 mètres de dénivellation à une randonnée déjà passablement longue. La large piste qui dessert l’alpage de Tsa de Merdeux serpente à mi-coteau sous la Tête Crevacol. Bien mémoriser le virage de la route au moment de franchir le torrent des Thoules [2115m, 1h]. En effet, c’est par cette combe qui s’ouvre à main droite qu’on achèvera la boucle.

La piste gagne enfin un peu d’altitude, par quelques lacets qu’un sentier permet de couper, avant de s’interrompre à la ferme de Tsa de Merdeux [2285m, 1h30]. Le col de Malatrà est encore distant d’1h50. On poursuit sur la gauche de la bâtisse, dans des alpages modérément raides. L’origine du surprenant toponyme « Merdeux », qui donne son nom au vallon, à l’alpage, à un lac et à deux hameaux, n’est pas clairement établie. Ce qui est certain, c’est qu’il ne faut pas en faire une affaire personnelle !

A une bifurcation [env. 2540m, 2h20], on rencontre à nouveau la signalétique jaune des sentiers pédestres italiens : l’itinéraire régional 1 et l’itinéraire local 12A s’y rejoignent. Si l’on est toujours déterminé à gravir le spectaculaire col de Malatrà en aller-retour, c’est le chemin de gauche qu’il faut prendre (sinon, sauter au paragraphe suivant). Compter 1h15 dans un sens, 30 minutes dans l’autre, et 400 mètres de dénivelé à rajouter. On débouche sur un grand replat, ceint de crêtes en dentelle. Face à soi, le col de Malatrà, étroite échancrure bordée de plaques inclinées géantes. Les zigzags qui y mènent semblent rejoindre le ciel. Le chemin reste d’abord à droite au pied du Mont Tapie avant de traverser la pente de débris anthracite dans une longue diagonale vers la gauche. Quelques cordes, des marches taillées et des virages serrés aident à dompter l’abrupte partie finale [2928m, 3h20]. L’arrivée au col depuis ce versant provoquera à coup sûr une exclamation d’admiration : dans l’encadrement de la brèche il y a juste la place pour faire tenir le Mont Blanc ! Dans la direction opposée, les proches silhouettes du Vélan et du Grand Combin nous rappellent la proximité de la mère patrie.

On redescend à la bifurcation de tout à l’heure, pour suivre cette fois-ci le sentier de droite (qui est donc celui de gauche lorsque l’on descend du col de Malatrà) : « Col des Ceingles (12A), 1h10 ». On approche d'un vilain bâtiment en béton, inexistant aussi bien sur les cartes suisses qu’italiennes. Il s’agit sans doute des fondations d’un nouveau refuge qui a ouvert quelques mois plus tard. On laisse le petit lac à sa gauche et on poursuit horizontalement jusqu’à ce que le balisage nous fasse changer de direction. On vire à gauche sur le faîte d’une croupe herbeuse (cette partie du sentier ne figure pas sur la carte nationale). La montée est rude, direction plein nord et le col des Ceingles. On arrive sur un joli replat, puis on escalade en écharpe une bosse herbeuse. Finalement on débouche au col en ayant évité presque entièrement les pentes de schistes [2817m, 5h20].

Ce passage nous donne accès à la zone la plus sauvage de l’itinéraire, la Comba des Thoules. Les quelques virages raides sous le col font rapidement place à un chemin large, agréable et impeccablement balisé. A l’ouest, le Petit Golliat et le Grand Golliat forgent le caractère de ce vallon solitaire. En tirant sur le côté gauche du vallon et en suivant les nombreux cairns peinturlurés de jaune, on arrive en toute décontraction aux cols de l'Arc et de St-Rhémy [2563m, 6h]. Ils sont si proches l'un de l'autre qu'on a des deux quasiment la même vue du col routier du Grand St-Bernard. L’hospice, pourtant de taille respectable, semble écrasé par le Vélan et le Grand Combin.

Bien que le large chemin y invite, ne pas s’engager dans la descente du col de St-Rhémy ! Pour rejoindre Arp du Jeux, il nous faut rester dans la Comba des Thoules, qui s’incurve vers le sud. Cette dernière section de la randonnée est moins bien tracée et balisée. On descend au mieux, parfois sur une sente, parfois à vue, en restant à quelques dizaines de mètres de la rivière. Vers le bas les herbes encore plus hautes peuvent s’avérer gênantes. D’où l’importance d’avoir repéré ce matin la jonction avec la route, qu’on rejoint au niveau du captage d'eau [2115m, 6h35]. Il ne reste plus qu’à la suivre afin de revenir à Arp du Jeux.

Avec environ 7 heures de marche sans stress mais effective, il s’agit d’une randonnée à ne pas sous-estimer. On peut la raccourcir en « zappant » le col de Malatrà. Un nouveau refuge s’est ouvert récemment le long du parcours : le refuge Frassati. Encore absent des cartes, on le trouve à côté du Lac des Merdeux. Ce nouvel élément m’incite à vous recommander le circuit dans le sens inverse. J’y vois les avantages suivants :

• on peut faire une pause au refuge Frassati en sachant que le plus dur est derrière soi • l’orientation dans la Comba des Thoules sera plus aisée à la montée qu'à la descente • le col de Malatrà, facultatif, se retrouvant dans le troisième tiers de la journée, on pourra mieux juger de son état de fraîcheur et y renoncer si nécessaire
Col de Malatrà (2934m, 9626ft)

1 - Col de Malatrà (2934m, 9626ft)

Mont Blanc, au Col de Malatrà

2 - Mont Blanc, au Col de Malatrà

Col de Malatrà

3 - Col de Malatrà

Le Col des Ceingles au loin

4 - Le Col des Ceingles au loin

Comba des Thoules. Col des Ceingles, Petit Golliat, Grand Golliat

5 - Comba des Thoules. Col des Ceingles, Petit Golliat, Grand Golliat

Col d'Arc. Vue sur l'hospice du Grand St-Bernard et la route du col

6 - Col d'Arc. Vue sur l'hospice du Grand St-Bernard et la route du col

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