Randonnées pour grizzlys

et autres animaux solitaires

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  • Français Louvie - Le Dâ - Le Crêt, circuit sur Fionnay (Randalp).

Cabane de Louvie, Lac de Louvie, Col Termin, Col du Bec d'Aigle

Cette randonnée figure dans le livre

Randonnées pour Grizzlys

Alpes valaisannes

paru en 2013 aux éditions Slatkine. Livre 'Randonnées pour Grizzlys - Alpes valaisannes'

Le livre peut être commandé en ligne sur le site de Slatkine ou acheté dans toute bonne librairie de Suisse Romande.

Les randonnées de haute montagne ne manquent pas dans le triangle Mont Fort – Grand Combin – Mont Collon, qu’on appelle Haut Val de Bagnes : il y a celles tutoyant le glacier de Corbassière et le Grand Combin, celles longeant les rives du Lac de Mauvoisin. Mais la contrée la plus calme est peut-être à l’est de Fionnay et Lourtier, aux environs du Lac de Louvie. Par les hauts cols, nous tournerons autour de ce lac occupant un sucrement glaciaire - une dépression creusée par un glacier aujourd'hui disparu. Si le Col Termin est très fréquenté, celui du Bec d’Aigle est beaucoup plus tranquille, surtout en l’attaquant depuis la Combe de Momin au nord. Prévenons d’emblée que ce circuit comporte des segments assez aériens, les sentiers traversant des fortes pentes entièrement en terrain découvert. C’est peut-être précisément l’absence d’arbres qui exacerbe la sensation de vide.

Le site de Louvie fait partie de la réserve naturelle du Mont Pleureur. Il y a de bonnes chances d’y croiser des bouquetins et d’y observer des chamois. J’utilise à dessein deux verbes distincts pour ces cousins caprinés car l’une des espèces se laisse facilement aborder tandis que l’autre a tendance à fuir l’homme. Une rencontre rapprochée avec un bouquetin est donc plus probable qu’avec un chamois.

Le sentier débute à Fionnay, au niveau des bassins de compensation stockant les eaux turbinées de la Grande-Dixence. Près du gros bâtiment de l’usine on trouvera, en plus des indicateurs pédestres officiels, une pancarte annonçant la cabane de Louvie : Cabane de Louvie, 2250m, restauration, boissons dortoirs.

A la cabane de Louvie, vue sur le Grand-Combin
1 - A la cabane de Louvie, vue sur le Grand-Combin

A la première intersection [1554m, 15min], on néglige le sentier de droite vers Le Dâ : ce sera notre chemin de retour. Poursuivant vers Louvie, le sentier remonte les raides pentes de La Heu par de larges lacets qui tirent vers la gauche. Ces derniers se resserrent à l’approche d’une épaule (point 1859). Des chaînes ont été disposées sur une grande longueur de cette vire rocheuse. Elles semblent parfois superflues, mais si elles peuvent rassurer des marcheurs débutants et leur permettre d’avoir accès au cirque de Louvie, c’est tant mieux ! Maintenant le sentier oblique progressivement à droite. On file sur un terrain plus facile en direction du lac. Si le soleil matinal baignait nos premiers pas, la silhouette de la Rogneuse nous replonge dans l'ombre.

Près du ruisseau issu du lac on trouvera les panneaux annonçant l’arrivée au site de Louvie. On y apprend le mode de construction et la restauration de plusieurs anciennes étables qui parsèment les alpages d’ici. On aura l’occasion d’en découvrir deux lors de ce circuit. La cabane de Louvie [2250m, 2h] se trouve un peu plus loin sur un mamelon offrant à la fois un coup d’oeil sur le lac de Louvie et un point de vue sur le massif des Combins. Il ne s’agit pas d’une cabane du CAS mais d’un refuge privé qui offre gîte – sous réservation - et restauration – si la gardienne est présente.

Ecurie de Louvie, monument historique
2 - Ecurie de Louvie, monument historique

Le Col Termin est la prochaine étape. On longe la rive ouest du lac, mais avant d’entamer la montée au col, on visitera l'Ecurie de Louvie, étable à voûte historique datant de 1814 [2215m, 2h15]. L’endroit est parfaitement indiqué par une signalétique de couleur brune, à seulement 5 minutes au-delà de la bifurcation.

On revient sur ses pas pour reprendre la direction du Col Termin et de la cabane du Mont-Fort. La première section à travers la Lui Fay est plutôt agréable, et la vue qui devient à chaque pas plus spectaculaire motive à monter toujours plus haut. Altius, fortius, mais surtout pas citius (plus vite). On n’est pas aux Jeux Olympiques ! Il faut prendre le temps de la contemplation, a fortiori maintenant que l’altitude fait apparaître de nouveaux éléments du paysage, comme le glacier de Corbassière ou le barrage de Mauvoisin.

Le point 2431 marque une rupture. On bascule sur un versant ouest duquel le lac de Louvie n'est plus visible. L’ascension le long des Têtes de Louvie se fait plus ardue et aérienne. Le sentier sinue en privilégiant les raides gazons du côté du Val de Bagnes plutôt que les escarpements descendant vers Louvie. L’excursion mérite désormais la cotation T3, alors que jusque-là on était dans le domaine du T2. Ce n'est qu'une fois le col Termin atteint qu’on revoit le lac [2648m, 3h30]. Des bouquetins inhabituellement peureux déguerpissent dans les rochers. En voilà qui n’ont pas lu les panneaux didactiques ! Ne leur a-t-on pas dit qu’ils habitaient une réserve de chasse ?

En approchant du Col Termin
3 - En approchant du Col Termin

Le col Termin est relativement fréquenté. Il est à la fois passage sur le Tour du Val de Bagnes, halte sur le Sentier des Chamois et une passe parmi d’autres de l’itinéraire national no 6 (Chemin des cols alpins : des Grisons aux Alpes valaisannes en 34 étapes). Ca n’est peut-être pas le meilleur endroit pour une sieste de grizzly, d’autant que l’espace est rare. Le Col du Bec d’Aigle nous attend, plus confidentiel. On peut déjà le voir, exactement dans l’axe imaginaire qui passe au-dessus du lac, peu ou prou à la même altitude que la nôtre.

Un sentier ramènerait dans la vallée à Lourtier. Mais nous partons dans la direction opposée : Le Dâ, distant de 2heures. On redescend côté lac, là encore dans des pentes initialement très raides. En fait de descente, les premières 15 minutes sont plutôt à flanc de coteau, avec des hauts et des bas. Ce n'est qu'ensuite qu’on plonge non pas dans le lac mais vers Plan da Gole. Ne pas suivre Col de Louvie sous peine de manquer la descente.

A Plan da Gole [2418m, 4h15], poursuivre vers Le Dâ. Quelques pierres judicieusement posées sur le pré marécageux évitent de se mouiller les godasses. On traverse le torrent qui alimente le lac pour reprendre l’ascension sur l'autre versant du cirque de Louvie. On atteint en peu de temps Momin et ses beaux alpages. C’est la zone la moins escarpée et la plus tranquille car le chemin « normal » pour le Col du Bec d’Aigle est localisé plus au sud. Bientôt de gros blocs de plus en plus encombrants ralentissent l’avancée. Même lorsque la montée s'accentue à nouveau, il faut jongler entre les rochers et repérer les marques rouges et blanches. Haut dans la pente, à l’altitude de 2614 mètres, un sentier ramène à Louvie. C’est une échappatoire si jamais le Col du Bec d’Aigle s’avérait trop aérien.

Le col tout proche prépare une bonne et une mauvaise surprise. La bonne : l’ascension terminale redevient facile, avec plus d’herbe et moins de roches instables. La mauvaise : la suite de l’itinéraire sur le versant opposé du col est assez intimidante. Il s'agira d'être prudent au moment de repartir. Mais profitons d’abord de la vue qu’offre le Col du Bec d’Aigle [2567m, 5h15]. Un ouvrage plus très actuel du CAS utilise pour cette passe étroite le nom de Col de Chardon, et cite aussi le nom local de Basset de Severeu.

Drapeaux à prières au col du Bec-d’Aigle
4 - Drapeaux à prières au col du Bec-d’Aigle

On quitte le bassin de Louvie pour pénétrer dans celui plus sauvage du Dâ. Le chemin de descente du col, blotti contre la forte pente, demande une attention accrue et fait battre la chamade. En oblique vers le nord-est puis l’est, il rejoint le fond de la vallée au Dâ [2365m, 5h45]. On y trouve une écurie en pierre. A main gauche, un autre col solitaire nous tend les bras : la Tête du Sarshlau. Lors de la planification préalable avec l’outil de La Suisse à pied, il est apparu que l’ajout de ce troisième col à notre parcours le rendrait exagérément long : 8 heures sans aucune pause. L’auteur a préféré garder la Tête du Sarshlau « bien au chaud » pour une sortie ultérieure, par exemple par les écuries du Vasevay.

Le long du talweg, on se dirige vers les maisons de Sovereu. C’est ici, et pas sur le sentier des Chamois, qu’une de ces bêtes farouches se laisse observer longuement. Il faut dire qu’il est tard et que toute la montagne est retombée dans une grande quiétude. Plus bas la gorge se resserre en un goulet devenant un peu lugubre lorsque le soleil cesse de l’éclairer. Mais le sentier, bien que raide, est très « roulant » et la fin est proche. On retrouve la bifurcation du matin puis le parking ou l’arrêt de bus de Fionnay.

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