Randonnées pour grizzlys

et autres animaux solitaires

Carte

En résumé:

Cartes:

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Laggin Biwak, Bidemji, Antonius

Cette randonnée figure dans le livre

Randonnées pour Grizzlys

Alpes valaisannes

paru en 2013 aux éditions Slatkine. Livre 'Randonnées pour Grizzlys - Alpes valaisannes'

Le livre peut être commandé en ligne sur le site de Slatkine ou acheté dans toute bonne librairie de Suisse Romande.

Cet autre circuit de la région du Simplon nous emmène dans le sauvage Laggintal, plus près encore de la trilogie Weissmies-Fletschhorn-Lagginhorn. Par un bon sentier, nous montons au Lagginbiwak, puis redescendons par une autre voie d’accès, plus aventureuse celle-ci, qui « plane » jusqu’aux confins du vallon avant de regagner le plancher des vaches.

La perception d’une randonnée est forcément subjective. Voilà un parcours totalisant à peu de chose près la même dénivellation que celui du Sirwoltesee [rando no 22] et exigeant un temps de marche à peine supérieur. Pourtant on a l’impression, la journée terminée, d’avoir réalisé une grande course de haute montagne. L’environnement doit être pour quelque chose dans cette différence d’appréciation : le fond du Laggintal est tellement rude, tellement sauvage qu’on se demande s’il est raisonnable de poursuivre au-delà du bivouac. On a beau scruter les précipices et les cascades lactescentes, on ne distingue aucun passage vers Bidemji. Je déconseillerais la deuxième partie du parcours aux randonneurs peu expérimentés. Le sentier en lui-même n’est pas le problème : bien qu’il soit marqué de façon intermittente sur la carte, il se révèle correctement tracé et balisé. Il faut surtout être capable de jauger certains dangers objectifs du terrain :

###image danger - trois torrents glaciaires coupent l’itinéraire ; ceux-ci peuvent se révéler impétueux. Surtout, les ponts qui les franchissent sont les plus primitifs qu’il m’ait été donné de voir sur un sentier de montagne. Les ponts sont démontés à l’automne. - un ancien chemin à travers les falaises de Blattu m’a été formellement déconseillé par un habitué du bivouac (on trouve en effet de vagues traces de balisage)

Simplon-Dorf est le village de départ. On reconnaît facilement le début de l’itinéraire : une arche dans la façade de l’hôtel Post. Le temps de marche estimé pour le bivouac se monte à 2h55. Passer sous l’arche. Une route remonte derrière les dernières maisons et devient rapidement sentier. Une autre arche - de style totalement différent - aménagée dans un tertre artificiel nous projette dans le couloir du Lauigrabe, notoirement sujet aux avalanches. On franchit le torrent sans s’attarder. Le chemin grimpe durant quelques minutes en rive droite du ravin (raides zigzags dans une belle forêt de mélèzes). Il tire à gauche en dépassant un joli chalet, puis les ruines d’Obri Weng [1635m, 30min]. Plus haut, il bute sur l’escarpement de Bärefad, qui l’oblige à dessiner de nouveaux lacets serrés. On sort de ce tronçon à Antonius [2060m, 1h30]. Le panneau face à l’oratoire nous apprend que le bivouac n’est plus qu’à 1h15.

A partir de là commence un superbe parcours en balcon à travers un flanc de montagne baptisé Goldweng. La fin de cette traversée est marquée par une croix commémorative, datant de 1910 ! Le sentier s’infléchit à droite en même qu’il reprend son ascension. Si on suivait la courbe de niveau on arriverait à Färicha. Vision assez extraordinaire que ces enclos séculaires posés sur une terrasse, avec les neiges du Weissmies en toile de fond ! Le sentier les laisse en contrebas, mais on peut y faire un (dé)tour en prenant la sente inférieure.

Par un dernier ressaut avec quelques marches plus hautes et donc plus fatigantes, on débouche sur la terrasse gazonnée du nouveau bivouac [2428m, 3h]. On remarque en effet sur les cartes un sentier qui remonte une moraine à l’ouest du bivouac, apparemment sans but si ce n’est un minuscule lac à près de 2800m. C’est l’accès à l’ancienne cabane, détruite lors d’une avalanche. Voilà un terrain d’exploration possible si on renonce à la deuxième partie du circuit.

Peu avant la publication de cet ouvrage, Swisstopo a mis à disposition du grand public un outil fascinant : une carte interactive qui permet de remonter dans le temps. On peut rechercher le Lagginbiwak et s’amuser à revenir à l’année 1986. Le nouveau bivouac s’évapore tandis que l’ancien apparaît au bout de ce sentier morainique. L’outil en question s’appelle « Visionneur », une page du site swisstopo.ch.

Au moment de quitter le bivouac, on jette un œil sur ce que le panneau des sentiers pédestres pense de la suite du programme : Bidemji 1h05, c’est un peu optimiste. Compter au minimum 1h30. Le chemin poursuit sa fuite en avant. On se trouve bientôt transporté au milieu de plusieurs anciennes moraines, sur un terrain que les glaciers n’ont abandonné que récemment – là aussi l’outil de Swisstopo est riche d’enseignements. Une descente de faible déclivité amène en une ½ heure au premier des trois torrents : en guise de pont, deux planches étroites branlantes et sans balustrade. Derrière la moraine occidentale du Weissmiesgletscher apparaît le deuxième torrent [env. 2320m, 3h45]. Le pont y est tout aussi étroit mais plus stable car fait d’une seule pièce en métal. Enfin, sur le dernier torrent, non loin de la moraine orientale du même glacier, est installé un pont similaire au premier.

Sitôt le pied posé sur la rive droite, la descente proprement dite peut commencer. Le chemin dévale les débris morainiques puis tire nettement à droite pour gagner un terrain plus favorable. Quelques lacets plus tard et on est à l’alpage de Bidemji [1989m, 4h30]. De ce replat le coup d’œil en arrière est impressionnant. Un entrelacs de ruisseaux glisse sur les falaises. On compte trois cascades, une par torrent traversé auparavant. Le fond de vallée (Laggin) n’est plus qu’à 50 minutes, Simplon-Dorf à 2h05.

La suite de la descente devient plus aisée. La passerelle de Härd [1680m, 5h] nous porte sur la rive gauche de la Laggina, réunion de toutes les eaux du Laggintal. A Alte Stafel on retrouve un terrain plat ainsi que le bout de la route. Le poteau indicateur nous guide vers Laggin [1492m, 5h20] et la sortie du Laggintal, sur une route asphaltée mais peu circulante.

Il faut compter une heure de Laggin à Simplon-Dorf. Au lieu de cette portion peu intéressante du circuit, on peut suivre les indications pour Gabi, où passe le bus postal (plusieurs liaisons l’après-midi).

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