Randonnées pour grizzlys

et autres animaux solitaires

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Nanztal, bisse de Heido, bisse de Bodmeri-Niwa, Gebidumpass

Cette randonnée figure dans le livre

Randonnées pour Grizzlys

Alpes valaisannes

paru en 2013 aux éditions Slatkine. Livre 'Randonnées pour Grizzlys - Alpes valaisannes'

Le livre peut être commandé en ligne sur le site de Slatkine ou acheté dans toute bonne librairie de Suisse Romande.

Barré au sud par les hauts sommets du groupe du Fletschhorn mais ouvert sur la vallée du Rhône, le Nanztal est demeuré très sauvage, sans doute parce qu’aucune route d’accès ne le relie à la plaine. Les randonneurs ne font que le survoler lorsqu’ils vont de Visperterminen au col du Simplon. Pour notre part, nous en ferons une visite très complète puisqu’on le remontera sur plus de 1000 mètres, passant des forêts autour du Gibidum aux hauts alpages de Fulmoos. En chemin, on côtoiera trois bisses remarquables, dont deux sont en activité.

Dans la version présentée, il s’agit d’une très longue randonnée, la plus longue de ce guide avec plus de 25 kilomètres. Elle est par contre techniquement facile et physiquement sans à-coups. Malgré cela, on pourra trouver plus raisonnable de la scinder en deux circuits distincts :

• le premier s’occuperait du bas Nanztal : des bisses de Boderi-Niwa et de l’Obere Niwa ; un parcours en grande partie forestier. • le second se focaliserait sur le haut vallon : le bisse de Heido et les alpages de Fulmoos ; un parcours au caractère bien différent, en terrain largement découvert.

A vous de voir. Il y a aussi la possibilité d’utiliser l’installation de Giw. Pour le circuit complet, les horaires obligeraient de partir très tôt le matin ou de faire le parcours en sens inverse.

A Bodma (joli camping), accessible par une route payante qui part au nord de Visperterminen, on suit un panneau : Wyssi Flue. A peine 5 minutes sur la route et on en trouve un autre, celui qu'on cherchait : Hüoterhüsi, 25min. Le beau bisse de Bodmeri-Niwa, en eau dès avril, nous tient compagnie pour une trentaine de minutes. Comme on le longe dans le sens de son écoulement, le sentier descend en calquant son rythme à celui du cours d’eau : parfois imperceptiblement, parfois plus franchement. C’est un début de randonnée magique et tout en douceur dans une superbe forêt de mélèzes. En commençant la randonnée au village de Visperterminen, on ralliera d’abord Muttji par le chemin des Chapelles (Waldkapelle), où on trouvera le bisse.

On approche d'une place marquant la fin d’une route forestière [1581m, 30min]. Inutile d’y descendre. Tout aussi inutile de suivre le bisse : il oblique à gauche alors que Hüoterhüsi est dans la direction opposée, à 5 minutes. Quel endroit étonnant ! Un petit cabanon perché au-dessus de la vallée du Rhône, et le début d'une balustrade arrimée à la falaise. En dialecte haut-valaisan - moins hermétique lorsqu’il est écrit que parlé - Hüoterhüsi signifie « Hüterhaus ». On comprend que cette petite maison a servi jadis au garde-bisse.

Deux calvaires ne sont pas de trop pour encourager le randonneur à poursuivre sur le tracé audacieux du bisse d’Obere Niwa. S'il y a certes beaucoup de vide en dessous de soi, le passage est très bien aménagé.. Le balcon laisse place à un sentier en forêt mais le terrain reste escarpé. Au début on rencontre encore des planches en bois, des câbles ou des barrières. Ces sections raides alternent avec des passages beaucoup plus faciles, où le chemin prend de l'embonpoint jusqu'à devenir large d’un mètre. Contrairement au Bodmeri-Niwa, l’Obere Niwa est un bisse désaffecté. On peut parfois deviner le fossé dans lequel il s’écoulait autrefois.

Maintenant que l’excitation est retombée, ce segment plat en forêt peut paraître monotone. Mais la journée est encore longue. Des paysages différents vont se succéder au fil des heures. C'est ce qui fait le charme de cette balade. A chaque croisement, prendre la direction Mättwe Nanztal. Äntschi [1648m, 1h20] marque l’entrée dans le Nanztal. L’orientation générale est désormais plein sud. La forêt reste dense, sauf au passage de quelques ravines.

Au fur et à mesure qu'on vire à droite, on s’enfonce franchement dans le Nanztal. On est maintenant au milieu des bois de son versant est, à traverser la zone d’Äntschigrabe. On entend un torrent en contrebas, et justement… une raide descente se présente [1480m, 1h45]. Elle nous conduit en quelques lacets au niveau de la rivière Gamsa. On se retrouve en un rien de temps à 1373m, record négatif de la journée.

La Gamsa sautille ici en quelques cascatelles avant de creuser plus en aval la gorge impénétrable de Gamsuchi. De l'autre côté du pont [1373m, 2h], la végétation est luxuriante, la forêt plus primitive. Le pénible sentier qui s’y enfonce fait la jonction avec un chemin beaucoup plus large après une petite ½ heure. Nous prenons à droite : Mittluhüs 25min, Mättwe Nanztal 1h25.

C’est devenu plus facile, et on arrive bientôt à Mittluhüs [1599, 2h45]. On repasse sur la rive gauche de la Gamsa. La forêt fait place aux alpages : Nidristi Alp (pont qu’on ne franchit pas), puis Mättwe. Le sentier est devenu une piste carrossable. On croisera éventuellement les jeeps des quelques paysans de montagne installés dans le vallon, ou des VTTistes qui déboulent du Gebidumpass. En effet, la piste ne provient pas d’en bas, mais d’en haut, du vaste col qu’on aperçoit à main droite sur les crêtes dénudées. On passera bien au Gebidumpass, mais pas avant plusieurs heures.

Après Mättwe, la piste effectue un coude à droite [1835m, 3h40]. On pourrait écourter ici la randonnée en rejoignant Gebidumpass. Comme je l’ai mentionné auparavant, on se contenterait alors du bas vallon de Nanztal. Sinon, on laisse la piste pour continuer le long du torrent, même si aucun panneau n’est là pour nous guider. La consigne ne change pas : remonter le vallon. D’ici au bisse du Heido, il est particulièrement sauvage et solitaire : les randonneurs qui entreprennent la traversée vers le Simplon passent beaucoup plus haut (Obers Fulmoss).

Un pont sur la Gamsa nous fait passer rive droite, puis un autre nous ramène rive gauche. Le second se situe à Alte Stafel [env. 1940m, 4h05]. Notez le grand enclos à moutons (« Färriche »), fait de superbes murailles de pierre sèche. Les traces de sentier se perdent un peu après le pont, conformément à la carte nationale et à celle du GPS. Viser à droite la bergerie à moitié détruite, où on retrouvera une sente et même un sentier parfois bien tracé. On s’écarte de plus en plus du talweg. On passe devant la ruine de Lüstschugge avant d’enjamber un petit ruisseau provenant du Blausee. Le décor devient splendide : des rhododendrons, des cascades, le pic acéré du Rauthorn (Böshorn), le dôme enneigé du Senggchuppa…

La sente est maintenant mieux tracée. Elle serpente, se perd parfois, et arrive à la hauteur de Unners Fulmoos (ferme). Il ne sert à rien d’y aller. Ne pas franchir le torrent mais rester à environ 30 mètres de sa rive gauche. En continuant à monter au mieux dans les gazons, on débouche sur un magnifique replat où batifolent des moutons à tête noire. C’est la bergerie de Stenofärich, 2252m [4h45], le « highlight » de la journée à mon avis. Quelle vue, et quel calme ! A l’écart des sentiers principaux, cet endroit doit voir plus de moutons que de randonneurs.

Depuis la bergerie, le plus simple est de grimper à vue hors sentier toujours rive gauche du torrent, directement vers le bisse. On voit très bien sa balafre horizontale une centaine de mètres au-dessus de soi. On retrouve avec plaisir un excellent sentier à côté du bisse de Heido, aussi appelé bisse du Païen [env. 2400m, 5h15]. Ce canal va quérir la précieuse eau des torrents et des glaciers tout au fond du Nanztal. Ce n’est pas le plus haut bisse du pays - la Gsponeri détient ce record - mais un des plus anciens. Des documents de 1305 attestent de son existence [3]. C’est aussi un des rares bisses construit en terrain découvert. On m’a rapporté que certains des cyclistes mentionnés auparavant circuleraient le long du bisse, ce qui serait périlleux vu la largeur du chemin.

On longe son tracé vers la droite, en direction du Gebidumpass. Des sections enterrées alternent avec d’autres à ciel ouvert. Le parcours est à la fois exposé au soleil et agréablement frais vu l’altitude. On y rencontre à nouveau plus de randonneurs, mais en fin d’après-midi ceux-ci se font rares. Face à soi, la pyramide du Bietschhorn en impose. Pile-poil dans l’axe du Nanztal, de l’autre côté de la plaine du Rhône, s’ouvre le Gredetschtal, un autre joyau à découvrir [rando no 17]. On atteint sans histoire le Gebidumpass [2201m, 6h30]. Seul un bref passage avec des planches et un câble demandait une attention accrue.

Le reste n’est plus que remplissage : d’abord du Gebidumpass vers Giw [1962m, 6h50] en suivant le sentier coupant les pistes de ski. Puis, selon le point de départ du matin : • pour revenir à pied à Visperterminen : suivre Visperterminen/Waldkapelle (1h15 de Giw) • utiliser le télésiège, pour autant qu’il soit encore ouvert (fermeture à 17h30 ou 18h, selon les jours et la saison) • pour rejoindre Bodma : plusieurs itinéraires possible, assez rébarbatifs (route et/ou raide descente en forêt). Surtout ne pas descendre trop bas, suivre Muttji puis Bodma (1h30 de Giw)

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